Je m’apprête à prendre le vol du retour de New York à Genève. Je me remémore la fantastique aventure du marathon de New York vécue dimanche dernier ! Embarquement immédiat vers la Grosse Pomme.
Sommaire
La naissance du rêve du Marathon de New York
Le 4 novembre 2017, je participe au 5 kilomètres qui emprunte le dernier kilomètre du marathon dans Central Park. Les taxis jaunes New-Yorkais laissent la place à des milliers de coureurs. Je suis aux avant-postes de cette foule de coureurs et courir au milieu des buildings me donne une impression unique. Comme si la ville n’était qu’à nous les coureurs.
Le lendemain, j’encourage des amis et la foule d’anonymes depuis un rooftop surplombant le pont de Brooklyn au Queens. Voir passer ses dizaines de milliers de coureurs, certains déguisés, d’autres aux couleurs de leur pays, me subjugue. Avec Malou, un ami expatrié dans la Grosse Pomme, nous rentrons sur Manhattan en traversant le pont du Queensboro au sein même du peloton de coureurs pour se mettre dans la peau des participants. L’ambiance phénoménale malgré la météo pluvieuse me donne ce rêve : un jour je ferai le marathon de New York !
Un an plus tard, je cours mon premier marathon, celui de Lausanne. Jamais je n’avais vécu de telles sensations en courant, l’impression d’avoir les jambes coupées, le fameux mur du marathon. Aussitôt après avoir franchi la ligne d’arrivée, je me pose déjà une question : “Quel sera le prochain ?” New York me vient comme une évidence ! Fin janvier, me voilà inscrit avec Romain sur le marathon de New York…
La préparation pour New York
Ce nouveau marathon, je le prépare avant tout sur les chemins de trail cet été, avec une bonne préparation pour la MCC, les 40 kilomètres de l’Ultra Trail du Mont-Blanc. J’inclus également plus de vélo pour travailler l’endurance et les efforts longs. En septembre, je commence à suivre le programme de notre application RunMotion Coach. J’ai la chance d’avoir la piste cyclable entre Chambéry et Aix-les-Bains pour me réhabituer à courir sur du bitume, le tout dans un cadre sublime. La préparation est bonne et je fais le plein de confiance avec une victoire au semi-marathon de Chambéry et un record personnel au semi de Lyon en 1h08.
Parfois la malchance arrive. Une semaine avant New York où lors de la dernière sortie active prévue, je fais une réaction allergique fulgurante en passant devant une parcelle d’herbe et de plantes fraichement coupée. Je rentre péniblement en marchant.
Mais le rêve américain, c’est avant tout croire en soi. Croire en sa bonne étoile. C’est ne se fixer aucune limite. L’excitation monte petit à petit dans la semaine. Nous arrivons le jeudi soir sur le sol américain. Nous logeons à Staten Island à 3 petits kilomètres du départ, ce qui sera bien pratique le matin de la course ! Nous en profitons pour visiter un peu le MidTown sur Manhattan, munis d’une carte de métro pour économiser un peu d’énergie avant la course. L’occasion aussi d’assister à l’enregistrement du podcast Dans la tête d’un coureur avec Stéphane Plaza et Emmanuel Vidal, fondateur d’I-Run. Chaque coureur a ses propres ressorts de motivation et je trouve passionnant de voir les approches de chacun.
Le marathon de New York : Jour J
Avec le décalage horaire, le réveil est très facile. Il est 6h à New York et midi en France. Nous partons à 7h30 pour arriver à 8h sur le village de départ au pied du pont Verrazzano. Nous rencontrons Pierre-Louis Zajac, journaliste local du Dauphiné Libéré et 37 marathons de New York à son actif !
Il fait un peu froid en attendant, mais j’ai prévu le coup en prenant de vieux vêtements et une couverture de survie. Le soleil est rayonnant et nous réchauffe petit à petit. Les conditions sont idéales pour courir un marathon aujourd’hui. Le SAS de départ ouvre une heure avant et nous trottinons légèrement et faisons des étirements dynamiques en guise d’échauffement sommaire. Un quart d’heure avant le départ, nous sommes emmenés sur la ligne de départ, le show peut commencer !
Les haut-parleurs crachent les derniers hits du moment, de quoi se mettre dans l’ambiance ! L’hymne américain est un moment fort avant le marathon, comme sur toutes les courses aux Etats-Unis. God bless America ! Le survol des hélicoptères de la NYPD au dessus du pont Verrazzano est vraiment impressionnant, un peu comme nous avons la patrouille de France dans l’Hexagone.
Le départ du pont Verrazzano
Le départ est donné ! La chanson de Frank Sinatra « New York, New York » retentit, et c’est un jeu de zigzag qui démarre. Les organisateurs ont eu la bonne idée d’intercaler entre la vingtaine de coureurs professionnels et les coureurs visant moins de 3 heures au marathon, environ 200 coureurs qui visent des chronos entre 4 et 7 heures… Je vous laisse imaginer la pagaille et les bousculades. 20 secondes après le coup de pistolet nous franchissons la ligne de départ. Au bout de 500 mètres de course, je peux enfin courir sereinement et trouver le relâchement nécessaire pour le marathon.
Je pars un peu vite et me retrouve avec un coureur qui vise 2h22. Je prends 2 à 3 gorgées d’eau à chaque ravitaillement, espacé de 1 à 2 miles. A New York, pas de poubelles, il faut jeter les gobelets en carton par terre, je n’ose pas imaginer l’état de la route après le passage de dizaines de milliers de coureurs…
Les premiers kilomètres passent vite mentalement, je ne vois pas le temps passer. Au km 10, je suis sur les bases de 2h20 avec ce coureur australien.
« You look strong! »
Dans une montée de Brooklyn, autour du Mile 9, une foule en délire nous encourage. “You look strong!”. Je souris en apercevant une pancarte “Damn you are sexy”, quelle créativité les 2 millions de spectateurs ont !
Je prend un premier gel au Mile 12 (km 19). Je passe en 1h10’45 au semi-marathon et repense à ce dimanche de 2017 où j’avais encouragé mes amis. Je suis bien physiquement et essaye de m’économiser le plus possible dans la montée du pont de Brooklyn au Queens. Dans la descente, je ressens une vive douleur dans le ventre. Je ne m’affole pas, passage express dans une des toilettes portables disposées après un ravitaillement. Jamais je n’avais eu de problème intestinaux en courant et il faut que ce soit le jour du marathon… Je perds une vingtaine de secondes tout au plus.
J’aborde le pont du Queensboro très prudemment, avec sa montée de 500 mètres et ses 40 mètres de dénivelé. Nous arrivons sur Manhattan. La foule sur la Première avenue contraste avec le silence du pont du Queensboro. Cette longue avenue est à perte de vue, elle semble ne jamais finir. Je dois m’arrêter une seconde et dernière fois. Au bout de la première avenue, le pont du Bronx nous fait entrer dans le cinquième et dernier arrondissement de New York. C’est dur physiquement, mais le temps passe vite, surtout lorsque je vois que les 2 heures de courses ont été franchis.
L’arrivée à Central Park
Sur la fameuse Cinquième Avenue, un groupe de 3 ou 4 coureurs se reforme, et j’aperçois Thierry Guibault dans ma foulée. Cela me booste pour relancer et essayer de décrocher la place honorifique de premier Français. Nous allons rentrer dans Central Park et les 5 derniers kilomètres… A 3 kilomètres de l’arrivée je ressens une décharge électrique dans le mollet dans une descente et sers les dents pour que ça passe !
Thierry me double à 1 kilomètre de l’arrivée, je perds quelques mètres, et puis mentalement je me dis que l’effort en vaut la peine ! J’arrive à relancer et à finir fort : 3’12 le dernier kilomètre. La ligne d’arrivée est une délivrance et une joie immense d’avoir repoussé mes limites, je suis premier français et bats mon record personnel de 2 minutes, en 2h26’36 !
Je reçois ma médaille de finisher et demande le téléphone d’un bénévole pour voir sur l’application où en est Romain. Il arrive quelques minutes plus tard en 2h39, après avoir pris le mur du marathon dans Central Park !
Le marathon est une aventure extraordinaire, une course contre soi-même. Le mythe New Yorkais ajoute un gigantisme et un exotisme pour faire du marathon de New York un rêve américain à portée de foulée. L’année prochaine, ce sera la 50ème édition du marathon de New York. Que feras-tu le 1 Novembre 2020 ? 😉
Mes conseils pour le marathon de New York
- Savourer, se laisser porter par la foule, vous faites partie des 55 000 chanceux qui participent à ce mythique marathon de New York ! Enjoy !
- Si possible, loger sur Staten Island pour être proche du départ et éviter le bus de 5h30 (pour une course à 9h40). Certes le retour après la course est un peu long, mais le ferry de Manhattan à Staten Island est magique (passage devant la statue de la Liberté) ! Cela permet d’arriver “seulement” 1h30 à 2h avant sa course.
- Dans le SAS de départ avant d’être emmené sur la ligne de départ, il est possible de trottiner un peu. Vous pouvez courir 5 à 10min et faire quelques étirements dynamiques pour l’échauffement.
- Garder des vêtements chauds jusqu’au moment d’être emmené sur la ligne (15 minutes avant le départ). Ils sont ensuite récupérés dans des bacs pour être donné à des associations.
- Il est possible de déposer un sac 1h30 avant le départ pour le retrouver à l’arrivée. Ou bien d’avoir un poncho aux couleurs du marathon à l’arrivée. L’option est à choisir dans les mois avant la course.
- Aux ravitaillements, un code couleur : en orange ce sont les boissons énergétiques et en vert l’eau. Il y a des ravitaillements quasiment tous les 2 kilomètres, je prenais quasiment à chaque ravitaillement entre 2 et 3 gorgées. Si besoin, il y a des toilettes quasiment après chaque ravitaillement.
- La montée du pont du Queensboro est longue et assez raide, essayez d’être le plus relâché possible et de garder des forces pour les 15 derniers kilomètres.